LES RIGUEURS DU CLOÎTRE :

comédie en deux actes en prose, mêlée d'ariettes, de Joseph Fiévée ;

premiere le 23 août 1790.

PERSONNAGES.
LUCILE, religieuse.
ÉMILIE, autre religieuse, amie de Lucile.
L'ABBESSE.
LA SOUS-PRIEURE.
UNE VIEILLE RELIGIEUSE.
CHŒUR DE RELIGIEUSES.
LE COMTE, destiné autrefois à devenir l'époux de Lucile.
UN OFFICIER, de la garde nationale.
CHŒUR DE SOLDATS, de la garde nationale.

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ACTE PREMIER.

Le théâtre représente un jardin dans l'intérieur d'un couvent à Paris.
Le mur du fond laisse voir derrière lui le clocher de l'église. À gauche
de la scène, il doit y avoir un bosquet, en forme d'oratoire.


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SCÈNE PREMIÈRE.
LUCILE, LE COMTE.

Duo.

LUCILE, entrant sur la scène d'un air égaré.
De grâce, si je vous suis chère,
Fuyez, fuyez, ce lieu d'horreur.

LE COMTE.
Calmez plutôt votre terreur,
Elle pourrait découvrir le mystère.

LUCILE.
Ah ! mon cher Comte, sauvez-vous.

LE COMTE.
Qui ? moi ! que je vous abandonne
À leurs soupçons, à leur courroux !
Non, non,... jamais.

LUCILE.
Je vous l'ordonne...
Je vous le demande à genoux.

LE COMTE.
Qu'exigez-vous ?

LUCILE.
Éloignez-vous.

LE COMTE.
Je ne le puis.

LUCILE.
Ah ! je frissonne...
Fuyez...

LE COMTE.
Jamais.

LUCILE.
Au nom des dieux !
Fuyez, abandonnez ces lieux.

LE COMTE.
Hélas ! si je vous abandonne,
Qui donc pourra vous secourir.

LUCILE.
La mort partout nous environne,
Hélas ! on peut nous découvrir.
Fuyez, c'est l'amour qui l'ordonne,
Voulez-vous me faire mourir.

LE COMTE.
Hélas ! que je vous abandonne.

LUCILE.
Au nom des dieux !
Quittez ces lieux.

LE COMTE.
Non, je ne puis quitter ces lieux.

SCÈNE II.
LUCILE, LE COMTE, ÉMILIE.

LUCILE, voyant entrer Émilie.
Eh bien ! ma chère Émilie, mes malheurs sont-ils au comble ?

ÉMILIE.
Rassurez-vous, malheureuse Lucile ; rien n'est découvert.

LE COMTE.
Je vous vois agitée... vous ne me parlez qu'avec crainte... vous m'ordonnez de vous fuir... Au nom des dieux ! Quel est donc ce mystère ?

ÉMILIE.
Il est affreux, M. le Comte, et si mon amie vous est chère, il faut, par la plus prompte absence, empêcher qu'il n'éclate.

LUCILE.
Je ne vous rappellerai pas que c'est pour vous seul que je me suis enchaînée aux pieds des autels. Le sacrifice fut cruel... mais, trop heureuse, puisqu'il brisait vos fers, la douleur m'aurait conduite au tombeau sans m'en plaindre. Imprudent jeune homme ! fallait-il, sous l'habit d'un jardinier, venir dans ce séjour de douleur, troubler une tranquillité achetée par les larmes les plus amères, et réveiller dans mon cœur un amour que ma raison s'efforçait de combattre ? Depuis un mois que vous êtes ici, quels tourments ne m'avez vous pas fait souffrir ? Épouvantée de votre désespoir, frappée de la crainte d'un Dieu dont je suis l'épouse, craignant sans cesse de voir mes sentiments découverts, toujours indécise entre ma tendresse et mon devoir, chaque instant redoublait ma peine, sans pouvoir fixer mes idées. Ce matin, enfoncée dans un bosquet, j'y lisais votre dernière lettre...

LE COMTE.
Eh bien ?

LUCILE.
Entraînée par ce feu que vous savez si bien peindre, j'avais oublié l'univers entier. Ce ne fut qu'en me levant que j'aperçus Mme l'Abbesse derrière moi. Jugez de ma surprise. J'allais mourir de honte, de douleur... mais la crainte de vous perdre triompha de ma faiblesse, me rendit coupable et parjure, et j'osai, sans rougir, lui remettre votre lettre, en l'assurant que le hasard seul me l'avait fait trouver.

LE COMTE.
Vous me faites trembler. Se serait-elle doutée ?...

ÉMILIE.
Vous jugez, M. le Comte, quelle alarme une lettre comme la vôtre, a dû produire dans un couvent. Madame l'Abbesse crie au scandale, toutes les religieuses s'assemblent ; on court, on visite chaque cellule dans l'espérance que quelqu'indice fera découvrir la coupable. On allait entrer dans celle de mon amie... Je m'élance, et, sans être aperçue, j'enlève ce portrait qui seul pouvait découvrir son crime... si c'en est un d'avoir un cœur comme le sien. Le voici. (Elle donne le portrait à Lucile.)

LUCILE.
Généreuse amie ! Sans vous, depuis longtemps Lucile n'existerait plus.

LE COMTE.
Ah ! Mademoiselle, quelle obligation ! ma vie entière, tout mon sang pourra-t-il payer ce bienfait ?

ÉMILIE.
J'ai sauvé mon amie, M. le Comte, voilà ma récompense, elle est chère à mon cœur. Mais, si vous mettez quelque prix a ce que j'ai fait pour elle, de grâce ! sortez de ce couvent.

LUCILLE.
Au nom de notre amour, ne me refusez pas !

ÉMILIE.
Croyez que l'orage n'est point dissipé. Pour différer, il ne fera qu'éclater avec plus de violence ; tous les soupçons se tournent sur Lucile. Trop sage pour croire que la vertu consiste à n'exister que pour soi, et trop grande pour déguiser ses sentiments, tant de qualités qui l'eussent fait chérir dans le monde, la font haïr dans ce couvent. Ne vous y trompez pas, M. le Comte, la haine habite dans ces retraites, et souvent elle y éclate avec plus de violence que dans le monde. Dispensez-moi de vous en dire davantage ; mais si vous aimez Lucile, éloignez-vous, ou tremblez sur son sort.

Air.

LE COMTE.
Il le faut... Eh bien, je m'exile ;
Je vais languir loin de ces lieux.
Ah ! s'il se peut, vivez tranquille ;
Oubliez l'amant malheureux
Qui doit mourir loin de l'asile
Où vous avez formé des vœux.
Hélas ! hélas ! adieu, Lucile.

ÉMILIE.
Je ne me trompe pas... on vient de ce côté. Amants infortunés ! il faut vous séparer.

LUCILE.
Adieu, mon cher Comte ; reprenez votre portrait, je ne peux plus le conserver sans danger... il faut m'en séparer... Reprenez ces lettres, elles déposeraient contre moi. Adieu. — Ma chère Émilie, si l'on me demande, excusez mon absence le mieux qu'il vous sera possible ; mais je n'ose paraître à leurs yeux... mon trouble me découvrirait... On approche... Adieu, mon cher Comte... adieu... Fuyez... pour la dernière fois, adieu. (Lucile sort du côté du bosquet, Émilie du côté par lequel doivent entrer les religieuses.)

LE COMTE.
De quel côté fuir ? Si je suis ses pas, je la livre aux plus affreux soupçons. De ce côté, je vais rencontrer les religieuses... Je les entends. Cachons-nous dans ce bosquet. Ah ! qu'il soit mon refuge, en attendant le moment cruel où je pourrai, sans crainte, abandonner ces lieux. (Il entre dans le bosquet, et disparaît aux yeux du public.)

SCÈNE III.
ÉMILIE, L'ABBESSE, LA SOUS-PRIEURE, TOUTES LES RELIGIEUSES,
les jeunes d'un côté, les vieilles de l'autre.

CHŒUR DE RELIGIEUSES.
AH ! quel scandale abominable !
Quel déshonneur pour le couvent.

L'ABBESSE.
Mes sœurs, qui de vous est coupable ?

CHŒUR DE RELIGIEUSES.
Ce n'est pas moi, certainement.

L'ABBESSE.
Le voici l'écrit punissable.
C'est une lettre d'un amant.

LES JEUNES RELIGIEUSES, soupirant.
D'un amant !

LES VIEILLES RELIGIEUSES, avec colère.
D'un amant !

CHŒUR DE RELIGIEUSES.
Ah ! quel scandale abominable !
Quel déshonneur pour le couvent.

L'ABBESSE.
Mes sœurs, mes sœurs point de faiblesse.

LES JEUNES RELIGIEUSES.
Hélas ! hélas ! point de faiblesse.

LES VIEILLES RELIGIEUSES.
Non, non, non, non, point de faiblesse.

L'ABBESSE.
Tout y respire la tendresse.

LES JEUNES RELIGIEUSES, soupirant.
La tendresse !

LES VIEILLES RELIGIEUSES, avec colère.
La tendresse !

CHŒUR DE RELIGIEUSES.
Ah ! quel scandale abominable !
Quel déshonneur pour le couvent.

L'ABBESSE, ouvrant la lettre.
Écoutez et frémissez. (Se retournant vers les religieuses.) Tout le monde est-il ici ?

LA SOUS-PRIEURE.
Oui, Madame ; excepté la sœur Lucile.

L'ABBESSE.
Pourquoi donc cette absence, cette indifférence sur un événement d'où dépend l'honneur de cette maison ? (Se retournant du côté des vieilles.) Une lettre amoureuse ! Ah ! mes sœurs, nous sommes toutes compromises.

LA SOUS-PRIEURE.
La conduite de la sœur Lucile ne doit point vous étonner, Madame ; vous savez qu'elle a toujours aimé à se distinguer et que ses principes...

ÉMILIE.
Ah ! ma sœur, pourquoi lui faire un reproche d'une action aussi simple. Tranquille sans doute avec sa conscience, elle n'a pas cru que cet événement dût troubler le goût qu'elle a toujours eu pour la solitude. Deviez-vous lui en faire un crime ?

LA SOUS-PRIEURE.
Nous verrons, nous verrons...

ÉMILIE.
Mais la voici !

SCÈNE IV.
LES PRÉCÉDENTS, LUCILE.

L'ABBESSE, reprenant la lettre.
Écoutez. — Mais... vous le savez, mes sœurs, ma poitrine est d'une délicatesse... qui, j'en suis certaine, ne me permettrait pas d'achever cette lecture. Tenez, sœur Lucile, c'est vous que je charge de ce soin important.

LUCILE.
Moi, Madame !

L'ABBESSE.
Obéissez, ou vous me feriez croire...

LUCILE, à part, en prenant la lettre.
Grand Dieu ! secourez moi. (Elle lit à haut voix.) «Non, cruelle, votre cœur n'a jamais connu l'amour. Si vous m'aviez aimé, auriez-vous prononcé des vœux désavoués par Dieu même, et contraires aux principes qu'il imprima à toute la nature ?... Si vous m'aimez, balanceriez-vous entre un vain devoir, et les jours de votre époux ?... Oui, je le suis, je mourrai avec ce titre sacré... La divinité même ne pourrait rompre des nœuds que nous avons formé en l'invoquant... Je peux vous ravir à l'esclavage... Si vous ne me répondez, j'y consens... craignez l'égarement d'un amant que vous aurez mis au désespoir... C'est sous vos yeux même que je viendrai terminer des jours que vous aurez proscrits. Prenez pitié de l'état auquel je suis réduit ; répondez-moi ; mais répondez avec votre cœur. Adieu, cruelle et trop chère amie !... Souvenez-vous que ce n'est qu'en cessant de vivre que je puis cesser de vous adorer.» (Elle s'évanouit.) ... (Il faut que l'actrice qui joue le rôle d'Émilie s'approche de Lucile pendant qu'elle lit la lettre, et à l'insu de l'Abbesse, cherche, par ses gestes, à ranimer son courage ; lorsque l'Abbesse s'en aperçoit, elle fait signe à Émilie qui se retire un peu en arrière.)

L'ABBESSE ET LES VIEILLES RELIGIEUSES.
Le voilà découvert ce crime
Qui d'horreur nous fait frissonner ;
Le Ciel a montré la victime,
Nous ne pouvons plus pardonner.

ÉMILIE ET LES JEUNES RELIGIEUSES.
Malheureuse Lucile,
Qu'allez-vous devenir ?

LUCILE, revenant à elle.
Dieu clément, sois mon asile ;
Je le sens, je vais mourir.

L'ABBESSE ET LES VIEILLES RELIGIEUSES.
Osez-vous, après votre offense,
Invoquer un Dieu menaçant ?
Tremblez, tremblez de Sa vengeance ;
Craignez le sort qui vous attend.

SCÈNE V.
LES PRÉCÉDENTS, LE COMTE.

LE COMTE, entrant d'un air égaré, et se jetant aux genoux des religieuses.
Non, Lucile n'est pas coupable ;
J'en atteste, à vos pieds, l'honneur.
C'est moi dont l'amour, la fureur
Ont conduit le coup qui l'accable.
Seul j'ai causé tous ses malheurs ;
Je la perds et sans espérance...
Sur moi déployez vos rigueurs ;
Mais respectez son innocence.

CHŒUR GÉNÉRAL.
Quel fatal événement !
D'horreur mon âme glacée.
L'excès de mon étonnement
Me tient la tête embarrassée.
Hélas ! que faire en ce moment ?

LUCILE, ÉMILIE, L'ABBESSE, ET TOUTES LES RELIGIEUSES.
Fuyez un séjour respectable
Que vous avez trop profané :
La loi, pour un crime semblable,
D'avance vous a condamné.

LE COMTE.
Abandonner ce que j'adore
Aux soupçons, à votre rigueur !

LUCILE.
Cruel ! qu'exigez-vous encore,
Après m'avoir ravi l'honneur ?
Faut-il que je vous sacrifie
Des jours usés par les malheurs ?
Eh bien ! arrachez-moi la vie ;
Mais quittez ce séjour de pleurs.

LE COMTE.
Je pars... Mais rempli d'espérance
De vous soustraire à leur courroux ;
La liberté, l'amour et l'innocence
Seraient-ils sans force pour nous ?

(Aux religieuses)

Vous qui d'un Dieu plein de clémence,
Faites un Dieu vengeur, cruel ;
Craignez, craignez au nom du Ciel
D'abuser de votre puissance.

LUCILE.
Tu sais si mon cœur est coupable ;
Dieu, dont j'implore la bonté,
En ce jour sois-moi favorable,
Et désarme leur cruauté !

ENSEMBLE
EMILIE ET LES JEUNES. LE COMTE aux religieuses. L'ABBESSE ET LES VIEILLES.
Tu sais si son cœur est coupable, La loi vous rendrait responsables Épouse d'un Dieu redoutable,
Dieu, dont j'implore la bonté ! D'un excès de sévérité ; Tremblez de Sa sévérité ;
En ce jour sois-lui favorable, Le Ciel qui pardonne aux coupables, À nos lois qui devient coupable,
Et désarme leur cruauté. S'arme contre la cruauté. Est indigne de sa bonté.

Le Comte sort d'un côté, les religieuses de l'autre ; les vieilles en marquant de l'indignation pour Lucile ; les jeunes en témoignant la pitié qu'elle leur inspire. Émilie seule approche de Lucile, et l'emmène en la serrant dans ses bras.

Fin du premier Acte.

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ACTE II.

Le théâtre représente une voûte qui est censée conduire au chœur.
Une lampe, suspendue au milieu de la voûte, doit éclairer la scène,
et répandre un jour sombre. Des deux côtés du théâtre il y a des
bancs ; et du côté droit de la scène, le public doit voir une grille
qui ferme un caveau dont les marches paraissent
à travers cette grille.


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SCÈNE PREMIÈRE.
LA SOUS-PRIEURE et UNE AUTRE RELIGIEUSE ÂGÉE entrent par une
porte qui est au fond du théâtre, en roulant un grand fauteuil.

LA RELIGIEUSE ÂGÉE.
Quelle fatigue ! Ah ! ma sœur, je suis toute en nage.

LA SOUS-PRIEURE.
Je suis aussi fatiguée que vous, ma sœur ; mais je n'ose m'en plaindre, quand c'est pour la cause du Ciel, et le service de Mme de l'Abbesse. C'est ici que doit être jugée la criminelle Lucile.

LA RELIGIEUSE ÂGÉE.
Vous connaissez ma discrétion, et je crois mériter votre confiance. Dites-moi donc je vous prie, pourquoi, dans cette affaire, Madame veut prendre l'avis de ses religieuses ; elle — vous le savez comme moi, ma sœur, Dieu me préserve d'être médisante —, elle qui a toujours commandé ici avec un despotisme qui, dans le fond du cœur, nous a souvent révoltées.

LA SOUS-PRIEURE.
L'indiscrétion est, selon moi, un crime impardonnable ; mais avec vous, ma sœur, je crois pouvoir m'expliquer sans être indiscrète. Madame l'Abbesse a toujours détesté Lucile.

LA RELIGIEUSE ÂGÉE.
Eh ! ma sœur, qui de nous ne partage ce sentiment ? Aurions-nous oublié le moment où elle fut conduite ici par ordre du Roi ?

LA SOUS-PRIEURE.
Par ordre du Roi ! Dites donc, ma sœur, par ordre du frère de Mme l'Abbesse, alors en faveur, et qui avait juré la perte de la famille de Lucille. Peut-être avait-il tort ; mais étions-nous responsables de sa conduite ? Devait-elle recevoir nos soins et nos consolations avec un mépris insultant ? Devait-elle nous reprocher d'être les ministres de ses vengeances, et à Madame d'être aussi cruel que son frère ?

LA RELIGIEUSE ÂGÉE.
Ce sont ses propres mots ; je me les rappelle encore avec indignation.

LA SOUS-PRIEURE.
Nous avons tout supporté avec patience, tels étaient les ordres du frère de Madame. Enfin, il est inutile de dire comment, vint le moment où elle prononça ses vœux...

LA RELIGIEUSE ÂGÉE, avec vivacité.
Et nous fûmes vengées.

LA SOUS-PRIEURE.
Que dites-vous, ma sœur ? nous fûmes contentes de l'avoir arrachée au monde, pour la rendre au bonheur.

LA RELIGIEUSE ÂGÉE.
Au bonheur ! hélas ! ma sœur, c'est ce que je voulais dire.

LA SOUS-PRIEURE.
Comme les sentiments de Madame pour Lucile ont éclatés dans bien des occasions, elle a craint que quelque jour le couvent ne lui reprochât d'avoir profité de cet événement pour satisfaire sa haine ; voilà pourquoi elle a désiré notre avis. Mais, ma sœur — et nous le pouvons sans remord puisqu'il s'agit de venger le Ciel — je suis sûre que nous serons agréables à Madame, en secondant ses intentions. Intimidons les faibles, faisons sentir aux jeunes de quelle conséquence il est pour elles de se taire sans une circonstance pareille ; enfin...

LA RELIGIEUSE ÂGÉE.
Je vous comprends, ma sœur. (On entend une cloche.) L'heure nous appelle à nos devoirs. Adieu. Paix et santé.

LA SOUS-PRIEURE.
C'est ce que je vous souhaite, ma sœur. (Elles voient venir Lucile, lèvent les bras avec indignation, et sortent.)

SCÈNE II.
LUCILE, seule.

Air.

LUCILE, vêtue de l'habit des novices et dans un grand désordre, entre en se soutenant contre les murs.
Où fuir... où me cacher ; hélas !
La honte partout m'environne,
Aucun espoir... il m'abandonne,
Et j'invoque en vain le trépas.

Mon Dieu ! serai-je donc coupable,
Puisque je tremble devant Toi ?
Ah ! ne soit point inexorable,
L'amour, la douleur et l'effroi,
Me rendent assez misérable.

Où fuir... où me cacher ; hélas ! etc.

Amour ! tu me poursuis encore...
Oui... je le sens... il me dévore...

Où fuir... où me cacher ; hélas ! etc.

LUCILE, tombe sur un des bancs.
Infortunée Lucile ! voilà donc l'abîme où t'a conduite un excès de tendresse ! Pour désarmer le père de ton amant, tu sacrifies ton repos ; tu oses sans frémir prononcer des vœux... à peine est-il accompli le sacrifice douloureux... il meurt ce père inflexible, et toi-même, amante insensée ! a mis une barrière éternelle entre toi et celui que tu n'as pu cesser d'aimer. L'espoir... seul soutien des malheureux ! l'espoir même m'est interdit. Les larmes, la douleur, l'humiliation... et le souvenir d'un amour qu'il m'est impossible de vaincre, voilà quel sera désormais mon partage. — Les cruelles ! m'avoir dépouillée d'un habit... oui, j'en étais indigne, si pour le porter, il faut avoir renoncé à tous les sentiments de la nature. — Qu'il se fait attendre longtemps l'arrêt de mon supplice. Ah ! si c'était la mort ! mais elle ne pourrait assouvir leur haine. C'est par des tourments infinis... J'entends quelqu'un... on approche... où me cacher ? Grand Dieu ! que ne puis-je me dérober à moi-même.

SCÈNE III.
LUCILE, ÉMILIE.

ÉMILIE.
EH ! quoi, vous fuyez... et c'est votre Émilie.

LUCILE.
De grâce ! dites-moi, trop généreuse amie, est-il sauvé ?

ÉMILIE.
Oui, ma chère Lucile.

LUCILE.
Je n'ai plus rien, absolument rien à craindre pour lui ?

ÉMILIE.
Rassurez-vous, il n'a couru aucun danger.

LUCILE.
Dieu clément ! tu m'as donc exaucé. On peut maintenant disposer de mon sort.

ÉMILIE.
Il n'est pas sans espérance.

LUCILE, avec vivacité.
Vous dites ?...

ÉMILIE.
Que j'espère encore fléchir la rigueur de nos lois. Madame l'Abbesse fait assembler le couvent ; elle ne prononcera rien sans nous avoir consultées. Ah ! que le soin de vous défendre sera cher à mon cœur ! vos vertus, votre innocence, la voix de l'amitié, mes larmes...

LUCILE.
Vous rendriez coupable à leurs yeux sans rien changer à ma destinée. Ma chère Émilie, n'ajoutez pas à mes chagrins celui d'avoir fait votre malheur. Mes peines, je saurai les supporter ; mais les vôtres... ah ! mon amie...

ÉMILIE.
Les miennes, ma chère Lucile !... elles seront éternelles, si je n'obtiens votre grâce.

LUCILE.
J'exige...

ÉMILIE.
N'exigez rien, ou dès ce moment je croirai que vous ne m'avez jamais aimée. Avez-vous pu croire que de vaines considérations pourraient me retenir ? Eh ! que me fait à moi leur haine ! si je vous perds, elle n'ajoutera rien à ma douleur : mais si j'adoucis l'arrêt qu'elles vont prononcer, si nous ne sommes jamais séparées... Ah ! mon amie, mettez la main sur mon cœur, et jugez de la joie qu'aurait votre Émilie.

LUCILE.
Généreuse et cruelle amie ! vous n'avez donc pas réfléchi...

ÉMILIE.
Moi ! réfléchir... lorsqu'il s'agit de votre repos... Ah ! Lucile, je le vois bien, vous ne m'avez jamais connue.

Duo.

LUCILE
Conservez-moi votre amitié,
Voilà mon unique espérance ;
Mais cessez, cessez, par pitié,
De rien tenter pour ma défense.

ÉMILIE.
Émouvoir pour vous leur pitié,
Rendre justice à l'innocence ;
C'est un besoin pour l'amitié ;
C'est mon devoir et ma seule espérance.

LUCILE.
Vous vous perdez.

ÉMILIE.
Je n'entends rien.

LUCILE.
La haine agit.

ÉMILIE.
L'amitié règne.

LUCILE.
Craignez, craignez.

ÉMILIE.
Pour votre bien,
Qu'est-il au monde que je craigne ?

LUCILE.
Les soupçons, leur fureur.

ÉMILIE.
Ah ! pour vous que m'importe !

LUCILE.
Vous perdez le bonheur.

ÉMILIE.
Votre intérêt l'emporte.

ENSEMBLE.
Cédez, ah ! laissez-vous fléchir !
Écoutez mes vœux, ma prière ;
Plutôt que de vous voir souffrir,
Je donnerais ma vie entière.

ÉMILIE.
Mais je les entends, il faut vous éloigner. Adieu, malheureuse Lucile.

LUCILE.
Adieu, trop généreuse amie ; n'oubliez pas que vous m'avez promis...

ÉMILIE.
De vous sauver, s'il est possible ; c'est le seul serment qu'ait prononcé mon cœur. (Elles s'embrassent ; on entend du bruit, Lucile se sauve.)

SCÈNE IV.
ÉMILIE, L'ABBESSE, LA SOUS-PRIEURE, TOUTES LES RELIGIEUSES.

Elles entrent dans le plus grand silence, et se rangent les jeunes d'un côté, les vieilles de l'autre. Quand l'Abbesse s'est placée dans son fauteuil, qui est au milieu de la scène, elle leur fait signe de la main de s'asseoir. Les religieuses obéissent et se placent sur les bancs qui sont des deux côtés du théâtre, excepté la sous-prieure et la vieille religieuse qui restent debout auprès du fauteuil de l'Abbesse. Émilie doit être sur le devant du banc des jeunes religieuses, qui est à la gauche de l'Abbesse.

L'ABBESSE.
Je dois vous faire part, mes sœurs, du motif qui m'a portée à vous assembler. L'événement arrivé aujourd'hui dans notre maison est affreux ; il offense à la fois le Ciel, nos principes et nos lois. J'ai cru que de si grands intérêts compromis par un attentat inouï, exigeaient une punition égale au crime, et qui, en livrant la coupable à ses remords, retint dans le devoir, celles que trop d'indulgence pourrait conduire au précipice. Mais si je règne sur vous, mes sœurs, ce ne doit être que pas la justice ; et toutes les fois qu'un avis meilleur que le mien sera ouvert, vous me verrez toujours le saisir avec avidité. Que celles qui pensent que la sévérité peut aller trop loin dans cette occasion, se lèvent et me répondent. (Émilie se lève et toutes les jeunes religieuses imitent son exemple. Puis, l'Abbesse se lève aussi.) Si je voulais arrêter l'excès d'un zèle imprudent, je vous rappellerais qu'un horrible mensonge m'avais mise dans la nécessité de partager mes soupçons entre vous. Si le Ciel n'eut pris soin de découvrir la coupable, considérez les maux auxquels nous étions réservées. La calomnie, la méfiance, l'inimitié, la haine allaient pour jamais troubler la tranquillité dont nous avons joué jusqu'à présent. Mais, je le répète, je ne veux pas exciter votre colère ; elle a mérité celle du Ciel, elle est assez punie. (Toutes les jeunes religieuses, excepté deux, se replacent sur leur banc.)

LA SOUS-PRIEURE.
Eh ! qui de nous oserait prendre sa défense, sans avouer que dans le fond du cœur elle est déjà rebellée à ses devoirs ? Oui, Madame, c'est dans cette circonstance que vous allez connaître celles qui sont véritablement attachées à nos principes. Pour moi, j'ose le dire, voilà mon sentiment : qui se montre trop facile à pardonner le crime, est bien prêt de le commettre. (Le deux jeunes religieuses, qui étaient restées debout, reprennent leur place en tremblant.)

ÉMILIE.
Moi, seule, ô mon Dieu ! moi seule vais donc prendre la défense de l'innocence outragée.

L'ABBESSE.
Pour vous, sœur Émilie, votre amitié, trop intime peut-être avec Lucile, me donne la droit de vous interdire la parole. Je pourrais faire plus, sans doute ; bénissez ma bonté.

ÉMILIE.
Eh bien, Madame, si mes pleurs, si l'amitié la plus respectable sont des crimes dans ce séjour ; si, sans vous désobéir, je ne peux élever la voix pour mon amie, ah ! qu'elle soit entendue du moins avant d'être jugée. C'est une loi sacrée que le criminel même a droit de réclamer... C'est une grâce que je vous demande à genoux pour elle... Mes sœurs, joignez vos prières aux miennes, qu'elle soit entendue ; c'est tout ce que je demande. (Les jeunes religieuses se jettent à genoux, tendent les bras vers l'Abbesse.)

L'ABBESSE.
Oui,... mes sœurs,... oui, elle le sera. Qu'on la fasse venir. (Émilie sort et rentre au même moment, tenant Lucile par la main.)

SCÈNE V.
LES PRÉCÉDENTS, LUCILE.

L'ABBESSE.
Approchez, vous que je n'oser plus appeler ma sœur. On espère, et je le souhaite, que vous parviendrez à vous justifier. N'oubliez pas que le Ciel vous entend, vous juge, et que le mensonge ajouterait à vos forfaits, sans adoucir le châtiment que vous avez mérité.

LUCILE.
Ce que je pourrais dire pour ma justification, vous le savez aussi bien que moi, Madame ; mais mon amie l'exige, et je vais vous répondre. Fille unique d'un père adoré, heureuse par la nature et par l'amour, je touchais au moment de serrer les nœuds de l'hymen le plus tendre, quand la mort nous ravit notre bienfaiteur, notre ami, et nous laissa en but à la fureur d'un homme puissant qui détestait mon père. Son crime était impardonnable. Avec toute la force que donna la vertu et l'amour de l'humanité, il avait tonné contre les fautes et la tyrannie de son administration. Un ordre supérieur le fit ensevelir vivant dans l'antre du crime et de la vengeance. Le même exempt qui venait d'arracher mon père à ma tendresse, me conduisit dans un couvent où j'appris, quelques jours après, que la douleur, ou plutôt un nouvel attentat, m'avait rendue orpheline. Je croyais toucher au dernier terme du malheur ; combien je me trompais ! et que la haine est ardente à inventer de nouveaux tourments ! Caresses, séduction, menaces, ruses, traitements cruels, on employa tout pour me forcer à prendre le voile. Mais j'aimais, j'étais sûre du cœur de mon amant, et je résistai sans efforts. Que devins-je, hélas ! quand j'appris que, d'accord avec un père ambitieux et faible, le monstre, qui avait juré ma perte, venait de faire renfermer mon époux, et que la sacrifice de ma liberté était devenu le terme de sa prison. Ce que tant de persécutions n'avaient pu, l'amour seul l'exécuta. Je prononçai mes vœux, et fus pour jamais soumise au pouvoir de celles qui m'avaient persécutée. — L'homme cruel qui a assassiné mon père, c'est votre frère, Madame ; le couvent où je fus amenée, est celui lequel vous commandez ; les personnes qui m'ont si cruellement traitée, je ne les nomme pas : elles m'entendent, et vont être mes juges. — Voilà les crimes dont je fus la victime. Le mien, le seul qu'on ose me reprocher, est de n'avoir pu vaincre un amour... qui fit si longtemps mon bonheur, qui cause à présent mon désespoir ; mais qui ne m'a jamais rendue coupable. — Vous avez exigé la vérité, maintenant jugez-moi.

ÉMILIE.
Caractère sublime ! le malheur même ajoute à ta beauté. Vous l'avez entendue, eh bien ! oserez-vous ?...

L'ABBESSE.
Sœur Émilie, j'attends quelqu'un ; allez dans mon parloir. Si vous devinez mes motifs, sortez ; et n'oubliez plus que l'obéissance est au nombre des vœux que vous avez prononcés.

ÉMILIE, traversant le théâtre pour sortir.
Grand Dieu ! est-il possible d'être sans cesse prosterné au pied des autels, et d'avoir un cœur si peu sensible aux douleurs des mortels ! (Au moment de sortir, elle tourne les yeux sur Lucile, se jette dans ses bras, l'embrasse, et s'enfuit avec le mouvement de quelqu'un qui craint de ne pouvoir retenir les cris de sa douleur.)

SCÈNE VI.
LES PRÉCÉDENTS.

L'ABBESSE, à deux jeunes religieuses qui paraissent vivement affectées.
Et vous, jeunes insensées qui n'avez que des larmes à offrir au Ciel qui demande vengeance, approchez et levez cette grille. (Elles obéissent.) Voyez-vous ce noir souterrain, un entier abandon, et la nourriture la plus grossière, voilà le sort réservé aux épouses de Dieu, lorsqu'elles sont infidèles à leurs devoirs. (Se retournant vers Lucile.) Vous m'avez entendue ; l'arrêt est prononcé.

Musique.

LES JEUNES RELIGIEUSES. L'ABBESSE ET LES VIEILLES.
Le crime est grand ; mais quel supplice ! Reçois, grand Dieu ! ce sacrifice,
Grand Dieu ! daigne éclairer nos cœurs ! Et qu'il apaise Ta fureur :
Exigeais-Tu ce sacrifice ? Le crime, nos lois, Ta justice
S'il est vrai, pardonne nos pleurs. Autorisent notre rigueur.

(Lucile s'appuie sur les deux religieuses qui ont levé la trappe et s'avance près du souterrain.)

LUCILE.
Dieu, pour elles, sois moins sévère,
Que leur cœur ne le sont pour moi ;
Pardonne un arrêt sanguinaire,
C'est le seul vœu que j'élève vers Toi.

(Elle descend dans le caveau ; et tombe évanouie sur les marches.)

ÉMILIE, pouvant à peine respirer.
On vient... Craignez une puissance.
Un ordre sacré... sur mes pas...
Je l'ai vu... Lucile... il avance ;
Entendez le bruit des soldats.

SCÈNE VII, et dernière.
LES PRÉCÉDENTS, LE COMTE en uniforme de grenadier, UN OFFICIER
de la garde nationale, LES SOLDATS de sa compagnie.

CHŒUR DE RELIGIEUSES.
Expliquez-vous ; quelle épouvante !

LE COMTE, dans la coulisse.
Où la chercher ? Cruelle attente ! (Paraissant sur la scène.) Lucile !... Hélas ! de quel côté...

LUCILE, apercevant le Comte.
C'est lui... Grand Dieu ! je meurs contente. (Elle tombe dans les bras du Comte.)

LE COMTE, la serrant dans ses bras.
Amour !

CHŒUR DE RELIGIEUSES.
Vengeance !

L'OFFICIER ET LES SOLDATS NATIONAUX.
Liberté !

LE COMTE, montrant le souterrain et Lucile qu'il a porté mourante dans un fauteuil.
Ah ! mes amis, regardez et jugez si j'avais tort.

L'OFFICIER.
Mille pardons, Mesdames, de la manière un peu brusque dont nous sommes entrés ici, mais d'après les alarmes que nous avait données notre frère, nous avons cru...

L'ABBESSE.
Et de quel droit, Monsieur, ose-t-on violer un asile ?...

L'OFFICIER.
Du droit de l'humanité qui ne permet plus que l'on commette des crimes sous le vain prétexte de venger le Ciel. Des lois que nous juré de maintenir, auxquelles personne ne peut se soustraire, et que vous respecterez, Madame, viennent de briser les grilles de vos saintes prisons, et de rendre à la nature tant d'objets malheureux que des vœux indiscrets ou forcés avaient enlevés à la Société.

L'ABBESSE, à l'Officier.
Quoi ! Monsieur, on aurait la cruauté de nous contraindre ?...

L'OFFICIER.
Cessez de le craindre, Madame ; en détruisant les abus, on sait compatir à la faiblesse de ceux qui en sont les victimes. Si votre conscience, l'âge ou l'habitude vous engagent à ne pas rentrer dans le monde, restez dans ces enceintes. Une existence, suffisante pour quelqu'un qui a fait vœu de pauvreté, vous donnera les moyens de vivre. Mais vous, jeunes infortunées, ne vous laissez plus séduire par de pieux mensonges, et croyez que l'être le plus parfait aux yeux de la Divinité, est celui qui remplit dignement les devoirs d'homme, de citoyen, d'époux, de père et d'ami. (L'Abbesse et les vieilles religieuses sortent en colère ; les jeunes se pressent autour de Lucile. La sous-prieure, et la vieille religieuse qui sont restées, se consultent, et finissent par se ranger du parti des jeunes.)

CHŒUR GÉNÉRAL.
Ô liberté ! déesse de la France,
Plutôt mourir que de vivre sans toi,
Du despotisme étouffer la puissance,
N'obéir jamais qu'à la loi ;
Punir tous ceux qui lui seraient rebelles,
Voilà nos vœux. Dieu, devant Toi,
Nous le jurons, nous leur serons fidèles.

CHŒUR D'HOMMES.
Périsse à jamais l'homme impie
Qui pourrait trahir nos serments ;
Que les remords, la honte et l'infamie,
Comme des vautours renaissants,
Jusqu'au dernier jour de sa vie,
Ne lui donnent que des tourments.

CHŒUR GÉNÉRAL.
Ô liberté ! déesse de la France,
Plutôt mourir que de vivre sans toi,
Du despotisme étouffer la puissance,
N'obéir jamais qu'à la loi ;
Punir tous ceux qui lui seraient rebelles,
Voilà nos vœux. Dieu ! devant Toi,
Nous le jurons, nous leur serons fidèles.
Vive la Liberté, la Patrie et le Roi.

FIN.


[Notes]

1. Joseph Fiévée, Les Rigueurs du Cloître, musique de Henri-Montan Berton, première le 23 août 1790 au Théâtre Italien à Paris.

2. Source : exemple imprimé, de l'imprimerie de l'Auteur, rue Serpente, n°. 17, Paris, 1790.

3. Pour une biographie de Joseph Fiévée (1767-1839), voir Jean Tulard, Joseph Fiévée, Conseiller secret de Napoléon, Paris, Fayard, 1985.

4. Henri-Montan Berton (1767-1844), compositeur, écrivain et professeur.

5. Par coïncidence ou non, il y a des similarités entre Les Rigueurs du Cloître par Fiévée (première le 23 août 1790) et Le Couvent ou Les Vœux Forcés par Mme de Gouges (première le 21 octobre 1790), y compris le même traître (le frère meurtrier de l'Abbesse).

6. Voir aussi peut-être :

Anonyme : Les Fourberies Monacales, 1790.
Pierre Laujon : Le Couvent ou Les Fruits du Caractère et de l'Éducation, 1790.
Mme Olympe de Gouges : Le Couvent ou Les Vœux Forcés, 1790.
Claude de Flins : Le Mari Directeur ou le Déménagement du Couvent, 1791.
Jacques Boutet, dit Monvel : Les Victimes Cloîtrées, 1791.
Louis Picard : Les Visitandines, 1792.
Charles Pigault-Lebrun : Les Dragons et les Bénédictines, 1794.
Charles Pigault-Lebrun: Les Dragons en cantonnement, ou la Suite des Bénédictines, 1794.
Jean Corsange et Jean Hapdé : Le Dernier Couvent de France ou l'Hospice, 1796.

7. Transcription en orthographe actuelle par Dr Roger Peters [Home Page (en anglais)].
[Septembre 2003]