«LES BRÛLOTS ANGLAIS EN RADE DE L'ÎLE D'AIX (1809)» DE JULES SILVESTRE ;
CHAPITRE 2



II.  SOLLICITUDE DE L'EMPEREUR À L'ENDROIT DE ROCHEFORT.

Dans une autre étude (Napoléon dans le S. O. de la France en 1808.), nous dirons les préoccupations de l'empereur et ses décisions à l'endroit des rades de Rochefort, ainsi que les ordres donnés. Mais on sait combien il y a loin, quelquefois, de l'ordre à l'exécution. Ce fut ici le cas : soit par incurie, soit qu'ils n'eussent pas compris la pensée du chef, les agents d'exécution avaient répondu aussi peu et aussi mal que possible aux conditions et aux nécessités pressantes de la défense. Il faut reconnaître aussi que de sérieuses difficultés étaient survenues ; des tempêtes extraordinaires, l'insuffisance des matériaux dans la région, l'insalubrité des lieux de cantonnement des ouvriers à l'île d'Oléron, et peut-être d'autres causes sur lesquelles des données incertaines ne nous permettent pas d'insister, avaient retardé les travaux.

Mais Napoléon, qui sentait mieux que personne l'approche de dangers menaçants, avait hâte de voir s'élever les forts et les batteries. À l'île d'Aix il avait déterminé tout un plan de défense, avec le fort Liédot pour réduit très puissant et absolument défilé des feux du large ; sur l'enrochement de Boyard, trouvant les ingénieurs occupés à construire la plate-forme d'une forteresse destinée à ouvrir soixante embrasures, il avait bouleversé leurs compas et leurs mesures. L'exécution de leurs plans exigeait des années : «Quand votre fort sera achevé, leur dit-il, j'en aurai plus besoin» ; et, agissant en ingénieur et en artilleur à la fois, il traça séance tenante une batterie mieux orientée, d'une construction plus rapide et plus facile, et dont les douze pièces de canon suffiraient à fermer la passe.

L'Empereur prophétisait : l'année suivante, le fort n'existait pas encore, mais le désastre prévu se réalisait. Nous verrons quel intérêt attachaient les Anglais à cette position du fort Boyard et comment l'un des premiers actes de la flotte de l'amiral Gambier fut de détruire tous les travaux en voie d'exécution, quelque rudimentaires qu'ils fussent encore.


«Les Brûlots anglais en rade de l'île d'Aix» :
Index et Carte ; Lexique ; Chapitre 3

[Dr R. Peters : rpeters@wissensdrang.com]